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Les chapitres

 

Bienvenue

Chapitre I

Myanmar

Une opposante birmane raconte le jour où elle a appris que son pays avait changé de nom.

Comment est ce que vous avez réagit personnellement quand la junte a décidé de changer le nom du pays ?

"Pour nous, ça a été vraiment un choc de lire dans le journal du jour au lendemain que le nom du pays a changé. Voilà c’est très choquant."

Vous même vous n’utiliserez jamais le terme Myanmar ?
"Personnellement moi je ne dis pas, ni moi en famille, ni avec ma mère ou mes tante, ni je ne dirai à mes enfants, que le nom du pays c’est Myanmar. Je suis toujours une Birmane, née en Birmanie. Et ça sera comme ça pour mes enfants."

Est-ce-qu’en Birmanie dans la rue, dans les espaces publics, dans les administrations, est qu’on peut prononcer le terme Birmanie sans avoir des problèmes ?

"Alors là, c’est carrément impossible. C’est très très rare qu’on ose prononcer Birmanie ou Birman. On n’ose pas prononcer la Birmanie dans un milieu public. Par exemple à la pagode Swedagon, on ne dit pas les Birmans. vous voyez. Là, on dit Myanmar. Par contre si c’est dans un village, là on dit les Birmans."

Chapitre II

A contre sens

Une opposante birmane souligne les dangers du changement de sens de circulation

La junte a décidé de changer le sens de la circulation. Vous en pensez quoi de ce changement de circulation ?

"Je ne peux pas dire grand chose parce que je suis née après le changement. Mais ce que je sais c'est que c’est très très dangereux de conduire dans ces conditions. Cela fait 20 ans qu'on a pas de voiture. Donc si vous voulez convaincre ma mère d'acheter une nouvelle voiture, il faut d’abord convaincre les généraux de rechanger le sens, pour qu’elle puisse conduire plus sereinement. Parce que c’est un danger qu’on court à tout moment."

Chapitre III

Plein le bidon

Les combines de l'essence racontées par une opposante birmane

"Il y a certaines choses qui dépassent ma limite de compréhension. Parce que vous savez l’essence dans les stations privées, ça vient des stations publiques par les fonctionnaires. En fait, ils ferment la porte de devant et puis ils ouvrent la porte de derrière pour arrondir leurs fins de mois, ou c’est une sorte de corruption aussi. Donc c’est vrai que ce sont des choses qu’il n’est pas facile de comprendre mais ce sont des choses qui se pratiquent en Birmanie toujours comme ça."

Chapitre IV

Le dollar était presque parfait

Une opposante birmane explique pourquoi certains Birmans lavent leurs billets

Si on arrive en Birmanie et qu’on a des billets qui sont tâchés, des dollars ou des euros qui sont tâchés, on peut descendre dans la rue et les vendre ?

"Mais vous n’en aurez pas le même prix. Et ça c’est absurde. Parce que pour un dollar tout neuf, pas de tâches, pas de fissures, pas de rien du tout, c’est 1000 kyats. Si vous avez une tâche, ça dépendra de la tâche: une petite têche, c’est 900. Si c’est une grosse têche d’encre au coin d’un billet, ça peut aller jusqu’à 500.

J’ai connu une Birmane, aux Etats-Unis. Elle passait 2, 3 heures tous les samedi matins à nettoyer son argent. C’est a dire qu’elle le lavait avec un coton tige. Elle repasse sous le coton pour que ce soit vraiment tout neuf, tout plat. C’est comme ça. C’est la Birmanie!"

Chapitre V

Forfait Deluxe

Une opposante birmane raconte le prix exorbitant des cartes SIM dans son pays.

Jusqu’à quel prix peuvent aller ces fameuses cartes GSM officielles Birmanes?

"Officiellement jusqu’à 3 500 euros. Je peux vous le confirmer parce que je sais que ma mère a payé 3 500 euros pour avoir sa carte SIM. Et en plus, ce n’est que le prix de la carte SIM, on paye encore la communication chaque mois. On peut estimer la richesse de quelqu’un en regardant quel téléphone il utilise."

Chapitre VI

Le chiffre de la junte

Ecoutez la réaction d'une opposante birmane sur le chiffre 9 et la junte.

Qu’est ce que représente le chiffre 9 pour la junte Birmane ?

"Le chiffre du pouvoir. Parce qu’en fait comme ils sont assez superstitieux, ils ne suivent pas seulement les conseils des astrologues, ils font les choses à la lettre. Très bon exemple: la révolution Safran. Ça avait débuté au mois d'août et la grande révolution qui a commencé par les moines, c’était le 24 septembre. Mais ils ont laissé filer 3 jours. Ils ont attendu jusqu’au 27 septembre pour commencer à contrôler la situation parce que le 27/09/2007, ça fait 3 neuf. Ils sont sûrs et certains qu’on prendra le contrôle de la révolution. Bon nous, on ne croit pas parce qu’il y a d’autres choses à prendre en compte aussi. Mais ça montre qu’au pouvoir, les généraux agissent en fonction du chiffre 9. C’est à dire le chiffre neuf est un porte pouvoir et bonheur pour la junte."

Chapitre VII

Fac you

La "menace étudiante" vue par une opposante birmane

Comment les étudiant sont perçus par le régime ?

"Jusqu’à maintenant toute les révolutions qu’ils ont eu, ce sont les étudiants qui ont commencé. Donc pour la junte, le danger public ce sont les étudiants. Ils s’informent, ce sont des intellectuels qui ont commencé la révolution. Donc pour la junte les étudiants sont des ennemis de eux."

Une opposante birmane raconte la popularité des séries coréennes en Birmanie

Qu’est que vous pensez des séries coréennes ?

"Ahhh! C’est une façon pour la junte de droguer la population. Parce que les séries coréennes, il ne les passent jamais dans la journée. Il faut que tout le monde travaille. Je dirais que c’est un couvre-feu pour les grandes villes. Et ça marche."

Les comités de quartier expliqués par une opposante birmane

"A chaque fois que je vais chez ma mère, ou que je vais rendre visite à ma tante ou à mon oncle, ou si je veux passer la nuit chez ma cousine, je suis obligée d’aller au comité de quartier pour remplir leur formulaire. Bon c’est pas méchant sauf que c’est du travail. On ne peut pas sonner à huit heures du soir “Viens, je viens te parler. On va passer la nuit ensemble”. Ca ne se fait pas."

Chapitre VIII

Valium TV

Exclusivité Happy World : regardez 1 heure de TV birmane

regarder la tv birmane

Chapitre IX

La Pravda birmane

Exclusivité Happy World : feuilletez le journal officiel birman

lire quelques articles

La presse en Birmanie vue par une opposante

"On achète des journaux officiels, enfin des journaux de la junte, pour regarder les annonces de décès, si jamais il y a un de nos proches qui est décédé ou pas. Et après ça va pour l’utilisation comme essuie-tout parce que les journaux, ça marche très bien pour essuyer les vitres.

On dépend carrément des paraboles. Vous savez, on peut acheter les paraboles. Et là on reçoit minimum 50 chaînes. Des fois CCTV, BBC, TV5. Et c’est très bien pour les Birmans parce qu’on reste quand même informés. On est connectés avec le monde entier. Et ce qui est vraiment rigolo c'est que s’il y a quelque chose qui se passe en Birmanie, c’est grâce aux paraboles que les Birmans l'apprennent “À Rangoun, il se passe ceci”. C’est vraiment rigolo. Par exemple, les gens, en regardant le journal de BBC, ils disent “Ah il y a eu le cyclone Nargis à Rangoun”. On est tellement coupés du monde, donc les paraboles deviennent un moyen de communication. Pas seulement pour nous, mais même pour le peuple Birman qui habite dans le pays."

Chapitre XI

Propagande verte

La culture obligatoire du Kyet Suu critiquée par une opposante birmane

Est ce que les Birmans sont obligés de cultiver du Kyet-Suu ?

"Oui, c’est une obligation absurde. Parce que bon ça va dans les villes, c’est pas grave, c’est pas méchant. Mais dans les villages, ils ont dévasté ou fait raser des champs, des cultivations, pour faire cultiver du Kyet-Suu à la place. Or, si ce sont des céréales ou du riz, c’est rentable pour les villageois. Ils peuvent au moins manger. Parce que le Kyet-Suu, même si c’est vrai que ça donne du Bio-diesel, il faut au moins savoir le produire. Et c’est dingue. Ca sert à rien. Et en même temps, le grenier est vide. Vous vous imaginez comment sont les villageois? C’est comme ça que ça fonctionne dans la junte. C’est une obligation forcée et absurde."

Chapitre XIII

Lost in la junta

L'opinion d'une opposante birmane sur l'autoroute qui relie Rangoun à Naypyidaw

La junte a donc créé la seule grande autoroute du pays, qui va de Rangoun à Naypyidaw. Ils l’ont créée juste pour eux, pour leurs propres bénéfices et pour leur bonheur ?

"Bah, je crois oui. C’est la seule explication, parce que personne ne l’utilise à part eux. Qui est-ce qui l’utilise pour aller à Naypyidaw ? Déjà les Birmans ne possèdent pas beaucoup de voitures et il n’y a pas beaucoup de bus qui circulent entre Rangoun et Naypyidaw."

Et il y a des gens qui sont obligés d’y aller parfois?

"Ah oui, tous les fonctionnaires. Parce qu’en fait les fonctionnaires ne peuvent pas démissionner et ils sont obligés de suivre. Mais la plupart des choses ont été deménagées à Naypyidaw. Parce qu’en fait, ils créent un petit pays. Nayypidaw devient un petit pays de la junte dans le centre de la Birmanie."

Ce que pense une opposante birmane de la nouvelle capitale

Comment vous réagissez au fait que la junte ait décidé du jour au lendemain de changer la capitale de votre pays ?

"Pour moi, personnellement, je ne peux pas me faire à l’idée que Rangoun n’est plus la capitale de la Birmanie. Non, c’est scandaleux."

J’imagine en plus que très peu de Birmans ont eu l’occasion d’aller à Naypyidaw ?

"C’est pas facile d’y accéder. Déjà, la junte elle se méfie. Et en plus ils ne laissent pas facilement accès. Déjà à Naypyidaw il y a deux zones: il y a une zone pour les fonctionnaires civiles et il y a une zone pour les militaires; On ne sait pas ce qu’il se passe dans ces zones. C’est une ville très secrète. Je ne peux pas dire grand chose mais Naypyidaw, c’est comme un quartier général, vous voyez. C’est pas une ville pour nous. C’est pas une capitale pour nous. C’est un quartier général qui serait transféré de Rangoun à Naypyidaw, avec ses militaires."

Exclusivité Happy World : Découvrez la capitale birmane en infographie

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Chapitre XIV

Post Scriptum

Bibliographie: quelques livres (sérieux) sur la Birmanie

"Histoire de la Birmanie contemporaine", Renaud Egreteau, Editions Fayard, 2010

"Birmanie contemporaine", de Gabriel Defert, IRASEC, Les Indes savantes, 2008

"Aung San Suu Kyi : Le jasmin ou la lune", Thierry Falise, Editions Florent Massot, 2007

"Chroniques Birmanes", de Guy Delisle, Editions Delcourt, collection Shampoing, 2007

L'opposition birmane dans le monde

Contrairement à ce que la junte veut nous faire croire, l'opposition birmane ne se limite pas à Aung San Suu Kii. Pour comprendre les enjeux et les forces en présence, Marie Normand, une journaliste qui connait bien la Birmanie, a mené l'enquête. Owni a développé cette webapp pour la Happy World Interactive Inc.©

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la carte interactive

Making of

Comment Gaël Bordier et Tristan Mendès-France ont bien pu tourner Happy World en Birmanie, un pays fermé aux journalistes? Vous le découvrirez en regardant ce making of sur le tournage d'Happy World.


Making-of d'Happy World par happy-world_tv